Des ONG soutiennent la Déclaration de Libreville pour mettre fin aux produits cosmétiques éclaircissants contenant du mercure

Jeudi 23 janvier 2025

Libreville, Gabon— Le mercredi 22 janvier 2025, des ministres ont adopté une déclaration appelant à éliminer les produits éclaircissants pour la peau contenant du mercure [1]. Des organisations non gouvernementales (ONG) d’Afrique et du monde entier ont salué cet appel de haut niveau visant à éliminer totalement le mercure dans les produits de blanchiment de la peau.

« Nous félicitons le Gabon de prendre un role de chef de file, au nom de la région africaine, de renforcer les interdictions sur la production et le commerce de produits cosmétiques éclaircissants, en limitant également leur marketing et leur vente », a déclaré Dominique Bally, Centre Africain pour la Santé Environnementale (CASE), Côte d’Ivoire. « Les cosmétiques toxiques constituent un risque sanitaire mondial qui nécessite une action internationale coordonnée pour y mettre fin. »

La Convention de Minamata [2] et les gouvernements du monde entier ont interdit la fabrication et le commerce de cosmétiques contenant du mercure en raison de leurs risques pour la santé. Plusieurs pays africains ont adopté des politiques en ce sens, notamment le Gabon, le Cameroun, l’Afrique du Sud, le Kenya, la Côte d’Ivoire, le Ghana, l’Ouganda, la Tanzanie, le Rwanda, le Nigeria et le Soudan du Sud. Malgré cela, les produits éclaircissants contenant du mercure continuent d’être vendus sur les marchés locaux, dans les magasins et de plus en plus sur Internet.

« Au fil des ans, la région africaine a joué un rôle de leader dans l’élimination progressive du mercure dans les produits, y compris l’éclairage, la dentisterie et maintenant les cosmétiques éclaircissants pour la peau », a déclaré Rico Euripidou, Groundwork, Afrique du Sud. « La Déclaration reflète la volonté de nombreux pays africains de concrétiser les objectifs de la Convention de Minamata dans leurs pays. »

Des tests réalisés par le Zero Mercury Working Group (ZMWG) indiquent que des centaines, voire des milliers de ces produits, sont disponibles sur le marché mondial [3]. Les produits testés dans divers pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine, d’Europe et d’Amérique du Nord contiennent entre moins de 1 et 57 000 parties par million (ppm) de mercure.

« Il existe un lien très fort entre le racisme et l’utilisation des cosmétiques, en particulier des crèmes éclaircissantes pour la peau », a déclaré Gilbert Kuepouo, CREPD, Cameroun. « Cela découle en grande partie du colorisme, avec le ciblage délibéré de produits nocifs envers les personnes de couleur pour répondre aux influences socioculturelles et à la valorisation des standards de beauté eurocentriques. »

Le mercure est une neurotoxine persistante qui peut provoquer de graves effets néfastes sur la santé en étant absorbée par la peau, inhalée ou ingérée [4]. En raison de sa capacité à se vaporiser, le mercure présent dans les cosmétiques constitue un risque non seulement pour le consommateur, mais également pour les autres membres du foyer. Les nourrissons, les enfants et le fœtus en développement sont particulièrement vulnérables aux effets neurodéveloppementaux du mercure. Une exposition prolongée peut endommager les yeux, les poumons, les reins, le système digestif, le système immunitaire et le système nerveux.

« La sixième Conférence des Parties à la Convention de Minamata, prévue dans le courant de l’année, devrait soutenir cette initiative tournée vers l’avenir et adopter un programme de travail pour lutter contre les cosmétiques contenant du mercure #MakeMercuryHistory », a déclaré Elena Lymberidi-Settimo, Bureau Européen de l’Environnement et co-coordinatrice internationale du ZMWG.

Le mercure est ajouté aux produits éclaircissants parce qu’il éclaircit la peau en supprimant la production de mélanine. Les produits éclaircissants sont vendus sous forme de crèmes, de lotions et de savons.

« Il faut cesser d’empoisonner les gens pour en tirer profit. Nous soutenons fermement le rôle du Gabon dans la prise en charge de cette question, non seulement pour le continent, mais aussi pour le monde entier, afin de mettre fin à ce cauchemar toxique », a déclaré Michael Bender, Mercury Policy Project et co-coordinateur international du ZMWG. 

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Pour plus d’informations :

[1] La déclaration de Libreville sur l’élimination des crèmes éclaircissantes pour la peau à base de mercure sera bientôt disponible en ligne. Le Premier ministre gabonais Raymond Ndong Sima, qui accueillait l’atelier, a publié le 22 janvier 2025 un communiqué de presse commentant l’atelier régional : https://www.primature.gouv.ga/2-actualites/1413-sante/2427-depigmentation-le-gouvernement-sonne-lalerte-/

[2] La Convention de Minamata : https://mercuryconvention.org/sites/default/files/2021-06/Minamata-Convention-booklet-Sep2019-EN.pdf

[3] De nombreuses études évaluées par des pairs confirment les effets négatifs des produits éclaircissants contenant du mercure sur la santé humaine. De plus, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a reconnu que le mercure représente une « préoccupation majeure de santé publique » (https://www.who.int/publications/i/item/9789240023567) et a détaillé ses préoccupations à ce sujet dans une fiche d’information (https://www.who.int/publications/i/item/9789240023567).

[4] Campagne du Zero Mercury Working Group sur les crèmes éclaircissantes : www.zeromercury.org/mercury-added-skin-lightening-creams-campaign

Contacts : 

Dominique Bally, CASE, Côte d’Ivoire, T: +225 07 08 10 52 67 (francophone)

Rico Euripidou, groundwork, South Africa,T: +27 83 519 3008 

Gilbert Kuepouo, CREPED, Cameroon, T: +237 6 77 20 22 71 (francophone)

Elena Lymberidi-Settimo, EEB/ZMWG, Europe, T:+32 496 532818 (francophone)

Andreas Budiman, EEB communications officer, Europe, T: +32460952002 

Michael Bender, MPP, USA, T : +1 802 223 9000 

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